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CAP SKIRRING/ CORONAVIRUS : Hôteliers et guides touristiques entre le marteau du chômage technique et l’enclume de la baisse des chiffres d’affaires

Les mesures prises par le chef de l’Etat Macky Sall et celle du ministre du Tourisme de fermer le ciel sénégalais à une certaine compagnies européennes, plongent les acteurs du secteur touristique de la région de Ziguinchor dans une psychose totale. Les hôteliers craignent la baisse drastique de leurs chiffres d’affaires. Quand aux guides touristiques, ils sont habités par le spectre d’un chômage technique.


 L’économie de la région de Ziguinchor marche à la vitesse d’un caméléon, après les mesures prises par le gouvernement pour contrecarrer la propagation rapide du coronavirus.
  Ces directives ont,  en effet touché de plein fouet le fleuron de l’économie de la région. Autrement dit, le secteur du tourisme,  qui emploie des milliers de jeunes, non sans compter,  le petit commerce qui évolue aux alentours des hotels, reçoivent un coup dur.
 Il suffit de faire un tour au niveau du site balnéaire de Cap Skirring pour s’en rendre compte. C’est le calme plat aux alentours des hôtels, et autres réceptifs, qui grouillaient de monde en cette période de l’année.
 « Nous traversons une période difficile. Les hôtels se vident au fil des heures. Nous avons perdu beaucoup clients qui sont précipitamment rentrés après la décision du gouvernement de fermer la destination sénégalaise à certaine compagnies des pays qualifiés à haut risque », déclare Aziz Mbaye, travailleur d’un hôtel au Cap Skirring.
 En ajoutant, il déplore, « nous avons reçu une cascade d’annulations au niveau de notre hôtel, et c’est le même constat dans les autres hôtels du Cap Skirring ».
 Non loin delà, nous sommes dans un réceptif hôtelier. Ici, se laver les mains, est un passage obligatoire pour tout visiteur qui y débarque.
 Ablaye Diatta de nous faire savoir les difficultés que leur lieu de travail traverse.
« Il y un mois, nous travaillons nuit et jour sans répit. Mais, depuis que le spectre du coronavirus a gagné le monde entier et le Sénégal en particulier,  nos activités commencent à ralentir. Nous recevons moins de dix touristes par jour alors qu’avant, on recevait une vingtaine, voire quarantaine », hagarde, explique M. Diatta.
 Son collègue, qui travaille dans une maison de vacances, ajoute. « Nous sommes dépassés par la tournure des événements. C’est un sentiment de deuil qui nous anime. Cap Skirring refusait du monde. Mais, en intervalle de deux voire trois jours, c’est le calme plat qui règne partout dans les hôtels », s’inquiète t il.
 Pour les guides touristiques, c’est le début d’un long  et difficile circuit. Autrement dit, ils seront envoyés  pendant des mois au chômage technique.
 « Nous nous en tenons à Dieu. L’heure est grave », soupire un jeune guide touristique. Qui ajoute, « nous sommes en chômage technique. Plusieurs de nos collègues sont rentrés, peu sont retenus par leurs employeurs. Et le reste,  est libéré jusqu’à nouvel ordre », déclare Alpha Sow, un autre guide touristique dans un hôtel au site balnéaire de Cap Skirring.
 « Le coronavirus a impacté négativement nos chiffres d’affaires. En quelques jours seulement, on ne parvient même à faire le tiers du  bénéfice qu’on faisait avant. Et ,  pour préserver la santé de nos clients, on ne fait plus de circuit, encore mois de tours dans les zones touristiques », a dit un guide, qui a gardé l’anonymat. Il a indiqué que le quart du personnel de l’hôtel où il travaille est en chômage technique.
 Dans le même temps, il a fait savoir qu’avec l’arrêt temporaire des navires Aline Sitoe Diatta et Aguéne et Diambogne, « la situation sera plus compliquée pour les hôteliers et guides touristiques ». Car, détaille t il, « beaucoup de nos clients voyagent par le bateau pour rallier Ziguinchor, puis Cap Skirring. Mais avec l’arrêt dudit bateau, et celui des vols directs, les choses vont se compliquer ».
 « On est obligé de rentrer aux villages. Car, ici au Cap la vie est très chère. Il faut manger, payer la location, et prendre en charge la famille au village. Mais, si vous êtes auprès des proches, la dépense sera une », explique Théophile Diatta, habitant  Etomé, village situé dans le département de Oussouye.
Le secteur informel touché de plein fouet
Marie Diatta a installé son petit commerce juste à l’entrée d’un grand hôtel. Depuis plus de dix, cette dame, la cinquantaine bien épanouie vend des cacahuètes, noix d’anacarde. Mais depuis une semaine, son chiffre d’affaires baisse drastiquement.
 « Les touristes aiment bien mon produit. Mais, depuis l’avènement du coronavirus, je vois peu de clients. Ils viennent, mais pas comme d’habitude. Et subitement, j’ai constaté que mon chiffre d’affaires a baissé de façon sensible », a-t-elle affirmé.
  Foulard rouge autour du cou, Sokhna Dramé vend des produits halieutiques. Selon elle, si cette perdure, il sera très dur pour des responsables de familles qui ne comptent que sur leurs activités pour nourrir leurs familles.
 Cette femmes commerçante d’ajouter, « nous demandons des mesures d’accompagnement à nos autorités locales et administratives ».
Mercredi 18 Mars 2020
La Rédaction / Samboudiang Sakho