ENTRETIEN / Abdou Faty, Sg Sels/A : « À la date du 02 juin, … il faut accepter et décréter … sans quoi, accepter une vie sans école ou la mort avec l’école. »

La date du 01er mai 2020 sera à jamais une date mémorable. Une date dont les syndicalistes se rappelleront à jamais. La pandémie du Covid-19 a amené les syndicats à adopter une stratégie autre que le dépôt de cahier de doléances. Joint par téléphone, le secrétaire général du syndicat des enseignants libres du Sénégal / Authentique nous dévoile l’approche prise par le Sels/A qui est dans le G7. Abdou Faty révèle qu’ils s’investissent dans la communication pour sensibiliser davantage les populations contre le covid-19 qui gagne du terrain au jour le jour. Il révèle que ses camarades et lui, sont dans les réseaux sociaux pour atteindre les 3.5 millions d’élèves qui vont à leur tour sensibiliser leurs parents sur les mesures à adopter contre cette pandémie qui prend des proportions inquiétantes. Le syndicaliste s’est aussi prononcé sur la nouvelle formule d’apprentissage mise en place par le ministère, «l’école à la maison». Mais il se veut clair, à la date du 02 juin, si la situation n’est pas maîtrisée, il faut accepter et décréter l’année invalide ou l’année blanche sans quoi accepter une vie sans école ou la mort avec l’école.


Le G7 a mobilisé 16 millions pour lutter contre le Covid-19

Cette année malheureusement, le Covid-19 est passé par là. On n’est pas resté les bras croisés. On a mobilisé tous nos moyens et on a mobilisé 16 millions que nous avons remis au ministère de la Santé pour faire face à la pandémie. On ne fera pas de marche comme les autres années, mais nous allons continuer à sensibiliser contre le covid-19. Le seul objectif qui vaille aujourd’hui, c’est la lutte contre le covid-19 à travers le réseau des enseignants, à travers les réseaux sociaux. On a 3.5 millions d’élèves répartis dans chaque famille. Donc si la communication passe à travers ces élèves qui en parlent chez eux, nous pensons que les familles vont adopter les mesures et enfin la pandémie sera vaincue. Dès lors, on pourra retourner à l’ancien système qui consiste au dépôt de cahiers de doléances. 
 
L’instauration de l’E-learning ou l’école à la maison pour occuper les élèves 

C’est un moyen permettant à quelques enfants, pas tous les élèves parce qu’il n’y pas l’électricité partout, il n’y a pas la connexion partout, d’avoir le rythme et de ne pas désapprendre. Au Sénégal comme dans les pays développés, personne n’imagine faire l’école sur le net. C’est le lieu par excellence de l’interaction. On ne pouvait pas croiser les bras parce qu’il y avait la pandémie. C’est encourageant que des initiatives soient là. Maintenant capitalisons ces initiatives pour faire de telle sorte qu’elles soient encadrées, tirer les leçons qu’il faut pour que l’électricité soit partout et que tout le Sénégal soit couvert par le réseau internet. Ceci permettra la faisabilité de l’école à la maison s’il y a une pandémie à l’avenir. À l’état actuel, ces initiatives c’est pour maintenir le rythme, permettre aux enfants qui ont la connexion, aux enfants qui ont la télévision chez eux de ne pas désapprendre. 
 
Je profite de cette occasion pour demander au gouvernement de nous appeler à des concertations à partir de la semaine prochaine

Maintenant un État doit se projeter. Le ministère a décidé d’ouvrir les écoles en deux phases. D’abord les classes d’examen à partir du 02 mai et progressivement. Je profite de cette occasion pour demander au gouvernement de nous appeler à des concertations à partir de la semaine prochaine pour qu’on puisse l’opérationnaliser, pour voir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas… Il n’y a que cette alternative sinon croiser les bras, sinon faire des polycops et les distribuer aux élèves qui n’ont pas de tablette, d’électricité, de connexion. Dans ce cas, malheureusement, rien n’est prévu pour les enfants qui sont dans des zones extrêmement lointaines. La faute revient à l’État du Sénégal qui n’a pas pris ses responsabilités pour accompagner les écoles qui sont dans les zones rurales. 
 
Il faut choisir entre la vie sans école ou la mort avec l’école

Gouverner c’est prévoir. Mais si malheureusement la pandémie continue de se propager et les autorités sanitaires n’arrivent pas à vaincre le virus jusqu’à cette date du 02 juin, il faut fermer les classes jusqu’à ce que les choses reviennent à la normale. C’est aussi simple que ça. On constatera que l’année est ou blanche ou elle est invalide. Il faut choisir entre la vie sans école ou la mort avec l’école. Prendre le risque de reprendre les cours alors que la pandémie est toujours là, c’est impensable. Car il y a des classes qui font 80 élèves, les élèves sont toujours en groupe dans les écoles pendant les récréations. L’essence de l’enfant c’est de jouer ce qu’on ne peut pas empêcher.  Comme vous le constatez, il n’y a pas de gel ni thermo flashs dans ce pays. 
 
L’école n’est qu’une victime collatérale de cette pandémie

Dans la région de Ziguinchor à titre d’exemple, il n’y a pas assez de lits pour les cas graves et il y a un manque criard de matériel dans la région. Encore les régions qui ne sont pas encore touchées par le covid-19 comme Kaffrine, Matam et autres, nos compatriotes qui sont dans ces régions ne vont pas accepter que les enseignants quittent des zones infectées où il y a l’épicentre de la maladie pour venir soi-disant exercer dans ces régions. L’école n’est qu’une victime collatérale de cette pandémie. Même si demain c’est accepté, il faudrait trouver des autorisations pour que les enseignants se déplacent. Maintenant, prions que la maladie s’estompe. Naturellement cela va de soi. S’il n’y a pas d’école, l’année est blanche. La date du 02 juin, on va tous constater l’amplitude  de la maladie et tirer les conséquences... 
Vendredi 1 Mai 2020
La Rédaction / Samboudiang Sakho

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