Va-t-on encore vers un troisième report des élections locales devant être organisées au plus tard en mars 2021 ? En effet, à huit mois de la date butoir pour la tenue des prochaines élections municipales et départementales prévues au plus tard le 28 mars prochain, les acteurs politiques engagés dans les discussions autour du processus électoral au sein de la Commission Cellulaire en charge du dialogue politique ne parviennent toujours pas à s’accorder sur beaucoup de points liés à la gouvernance et à l’approfondissement de la démocratie. Il s’agit entre autres du bulletin unique, de la caution pour les prochaines élections, du maintien ou de la suppression du parrainage, de l’article 80 relatif au délit d’offense au chef de l’état, de l’arrêté Ousmane Ngom, du cumul de fonctions de chef de parti et de président de la République pour ne citer que ceux-là.
Déjà soumis au menu des précédentes rencontres de la Commission Cellulaire en charge de du dialogue politique, les échanges des trois pôles (majorité, opposition et non alignés) engagés dans ces discussions n’ont pas pu aboutir sur un consensus. Il a été ainsi décidé de les verser dans la corbeille des points à rediscuter lors des prochaines rencontres. Lesquelles semblent aujourd’hui hypothéquées par l’avènement de la pandémie de la Covid-19 au Sénégal.
En effet, pour se conformer à la mesure d’état d’urgence prise par le chef de l’Etat dans le cadre de la riposte contre cette maladie, le général à la retraite, Mamadou Niang, président de ladite Commission avait décrété la suspension des travaux de la Commission cellulaire. Cette situation fait donc planer un nouveau report sur ce scrutin initialement prévu pour juin 2019. Car, en plus de cette absence de consensus des acteurs sur ces points précédemment énumérés, se pose également le défi de la mise en œuvre de certains accords qui ont déjà fait objet de consensus comme l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral dont la mise en œuvre devrait aboutir à la révision des listes électorales.
Au regard de tous ces éléments, un nouveau report de ces prochaines élections locales et départementales n’est pas exclu surtout avec la situation économique actuelle tendue du fait de la pandémie du coronavirus.
QUAND MACKY COTOIE ME WADE !
A cela s’ajoute également le fait que le Sénégal semble être un habitué systématique de report de ce scrutin au cours duquel les Sénégalais sont invités à renouveler leurs dirigeants locaux. En effet, en moins de trente ans (de 1996, date de la première élection locale à nos jours), quatre reports ont été notés et parfois sur la base des motifs très étonnants.
Le premier report de ces élections est intervenu en 2001 sous la présidence de Me Abdoulaye Wade. Et le motif évoqué sur le projet de Loi n° 2001- 10 du 3 décembre 2001 portant report de la date des élections aux conseils régionaux, aux conseils municipaux et aux conseils ruraux jusqu’au dimanche 12 mai 2002 était entre autres les célébrations qui mobilisent une grande partie de l’électorat dont le Ramadan, les fêtes de fin d’année, la Coupe d’Afrique des Nations, le pèlerinage à la Mecque, les fêtes de Pâques et le Grand Magal de Touba.
Le second report est intervenu en 2007 sous la gestion de l’ancien président libéral, Me Abdoulaye Wade. Le motif avait à l’époque était l’impossibilité de coupler cette élection aux législatives du fait de leur organisation matérielle qui n’est pas identique.
Reportées par la Loi n° 2007-24 du 22 mai 2007 qui a prorogé en même temps, le mandat des conseillers régionaux, des conseillers municipaux et des conseillers ruraux élus à l’issue des élections du 12 mai 2002 au 18 mai 2008, ces élections vont être reportées une nouvelle fois au 22 mars 2009 à la suite d’une proposition de loi introduite par Aminata Tall, députée du Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’époque. Le motif évoqué pour justifier ce second report jusqu’au 22 mars 2009 était le découpage administratif qui a donné naissance aux régions de Sédhiou, Kaffrine, Kédougou le 1er février 2008.
Arrivé au pouvoir en 2012, l’actuel chef de l’Etat ne mettra pas du temps lui-aussi à imprimer ses marques dans cette anomalie. Ce, en décalant de quelques mois (trois mois plus précisément) les locales initialement prévues le 22 mars 2014.
Le motif évoqué pour justifier ce décalage, sa réforme phare de l’Acte 3 de la décentralisation qui consacre la communalisation intégrale et la suppression des conseils régionaux. Il faut dire que, l’actuel chef de l’Etat compte déjà à son actif deux reports, soit un de moins que son prédécesseur qui, en douze ans de gouvernance, a reporté trois fois les élections locales.