Le 18 janvier 2020, Donald Trump se trouve dans sa résidence de Mar El Lago en Floride, lorsqu’il reçoit un appel téléphonique de son secrétaire à la Santé. Alerté au début du mois sur la possibilité d’une épidémie mondiale, Alex Azar juge qu’il est temps d’informer formellement le président. Mais Donald Trump, qui a déjà entendu parler du coronavirus lors des points quotidiens des services de renseignements, est surtout préoccupé par la procédure de destitution engagée contre lui au Congrès, et balaye les inquiétudes de son secrétaire à la Santé.
Le lendemain, alors que le procès du président au Sénat concentre l’attention de tous les médias, un habitant de Seattle qui a voyagé en Chine est déclaré positif au coronavirus. C’est le premier cas officiellement décelé sur le territoire américain. Le centre de contrôle et de prévention des maladies infectieuses, déjà sur le qui-vive, obtient le renforcement des contrôles mis en place dès le 17 janvier sur les vols en provenance de Chine dans les principaux aéroports du pays. Les autorités sanitaires alertent le Pentagone, le département d’État et les services de l’immigration sur le potentiel dévastateur du virus. Mais le président ne semble pas concerné.
Le 22 janvier, Donald Trump est à Davos, où il participe au Forum mondial de l’économie. Il est interrogé publiquement pour la première fois au sujet d’une potentielle épidémie aux États-Unis par la chaine de télévision CNBC« Nous contrôlons complètement la situation, tout va bien se passer »,assène-t-il.
À Washington, les efforts de l’administration se concentrent essentiellement sur le contrôle des frontières et sur le rapatriement des américains séjournant en Chine. Une équipe est finalement constituée à la fin du mois au sein de l’exécutif, sous la houlette du vice-président Mike Pence, pour coordonner les efforts de l’administration, toujours concentrée sur le sort des américains expatriés. Le risque semble lointain. À la Maison Blanche, le conseiller au Commerce du président semble néanmoins prendre la mesure de la menace : dans un mémo rédigé le 29 janvier, il prévient que la maladie pourrait mettre en péril la vie d’un demi-million d’Américains. Mais Peter Navarro est jugé viscéralement hostile à la Chine, et son avertissement n’est pas pris au sérieux. Le 31 janvier, les autorités annoncent une première mesure pour lutter contre la propagation du virus : toute personne étrangère ayant séjourné en Chine au cours des deux semaines précédentes est désormais interdite de séjour sur le sol américain. Une décision conforme à la volonté politique du président, fervent partisan d’un sévère contrôle des flux migratoires.
Mais le coronavirus est déjà aux États-Unis et aucun préparatif n’est enclenché sur le sol national pour tenter de limiter sa circulation.