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IMPACT DES TENSIONS COMMERCIALES CHINE-USA : Le Fmi table sur une baisse de 0,8% du Pib mondial en 2020

Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine affecteront la croissance mondiale, selon les dernières perspectives économiques du Fmi, présentées, hier, à Washington, en marge des assemblées annuelles. Les pertes sont évaluées à 0,8 % du Pib mondial. La croissance a, de nouveau, été révisée à la baisse pour 2019, à 3 %, soit son rythme le plus lent depuis la crise financière mondiale de 2008.


IMPACT DES TENSIONS COMMERCIALES CHINE-USA : Le Fmi table sur une baisse de 0,8% du Pib mondial en 2020

On en sait un peu plus sur les premières évaluations des effets des tensions commerciales entre les deux premières puissances économiques, les États-Unis et la Chine. Les prévisions économiques du Fonds monétaire international du mois d’octobre rendues publiques, hier, en marge de l’ouverture des assemblées annuelles, tablent sur un repli de l’activité économique dans le monde. Dans sa présentation, Gita Gopinath, conseillère économique et directrice du département de la recherche au Fmi, indique que les effets néfastes des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine entraîneraient une réduction cumulée du niveau du Pib mondial de 0,8 % d’ici à 2020. Elle ajoute que les économies des pays avancés continuent de ralentir, en s’approchant de leur potentiel à long terme.

Pour Oya Celasun, chef de division au Département des études du Fmi, les tensions commerciales, qui s’étaient apaisées dans le courant de l’année, se sont à nouveaux enflammées, entraînant des augmentations considérables des droits de douane entre les États-Unis et la Chine et une dégradation à l’échelle mondiale de la confiance et de l’état d’esprit du secteur privé. L’humeur des marchés financiers s’est dégradée face à cette évolution.

Aux États-Unis, note le Fmi, l’incertitude liée au commerce a eu des effets «négatifs» sur l’investissement, mais l’emploi et la consommation demeurent solides, stimulés par des mesures de relance. Dans la zone euro, la croissance a été révisée à la baisse en raison de la faiblesse des exportations tandis que l’incertitude liée au Brexit continue de peser sur la croissance au Royaume-Uni. Certaines des révisions à la baisse les plus marquées concernent les pays avancés d’Asie, notamment la région administrative spéciale de Hong Kong, la Corée du Sud et Singapour, qui sont tous particulièrement exposés au ralentissement de la croissance en Chine et aux répercussions des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine.

La croissance en 2019 a été révisée à la baisse dans tous les grands pays émergents et pays en développement, en partie à cause des incertitudes liées aux politiques commerciales et nationales. En Chine, la révision à la baisse de la croissance s’explique non seulement par l’escalade des droits de douane, mais aussi par le ralentissement de la demande intérieure à la suite des mesures prises pour maîtriser la dette. Dans quelques grands pays notamment l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Inde, le Mexique et la Russie, la croissance en 2019 est nettement inférieure à celle de 2018, là aussi pour des raisons spécifiques, mais une reprise est attendue en 2020. La croissance dans les pays en développement à faible revenu reste robuste, bien que les résultats soient plus hétérogènes au sein de ce groupe. Par ailleurs, le Fmi prévoit une croissance vigoureuse dans les pays non exportateurs de produits de base comme le Viet Nam et le Bangladesh, tandis que les résultats des pays exportateurs de produits de base, notamment le Nigeria, devraient rester «médiocres».

La croissance révisée à la baisse à 3 % pour 2019
L’économie mondiale connaît un ralentissement synchronisé, constate le Fonds monétaire dans ses dernières perspectives, précisant que la croissance a de nouveau été révisée à la baisse pour 2019, à 3 %, soit son rythme le plus lent depuis la crise financière mondiale de 2008. Il s’agit d’un «sérieux recul» par rapport aux 3,8 % de 2017, année où l’économie mondiale connaissait un redressement synchronisé. La conseillère économique, Gita Gopinath, explique que ce tassement de la croissance résulte de l’augmentation des obstacles au commerce, de l’incertitude accrue autour des échanges commerciaux et de la situation géopolitique dans plusieurs pays émergents. En 2020, la croissance mondiale devrait, toutefois, s’améliorer légèrement pour atteindre 3,4 %, ce qui correspond à une révision à la baisse de 0,2 % des projections d’avril 2019.

Des risques de révision jugés élevés
Dans ses projections, le Fmi estime que les risques de révision à la baisse des perspectives restent élevés. Il évoque, à ce titre, les obstacles au commerce et la montée des tensions géopolitiques y compris les risques liés au Brexit, qui pourraient perturber davantage les chaînes d’approvisionnement et peser sur la confiance, l’investissement et la croissance. Ces tensions, ainsi que d’autres incertitudes entourant les politiques nationales, pourraient avoir une incidence négative sur la reprise prévue de la croissance dans les pays émergents et dans la zone euro. Sur le même registre, les experts du Fonds soutiennent que la faiblesse de l’inflation dans les pays avancés pourrait persister et restreindre davantage la marge de manœuvre monétaire, ce qui en limiterait l’efficacité. Ils n’ont pas oublié de faire mention des risques liés au changement climatique qui, d’après eux, se manifestent, aujourd’hui, et augmenteront fortement à l’avenir si aucune mesure n’est prise de toute urgence.
Réformes structurelles nécessaires pour inverser la tendance

Dans leurs recommandations, les économistes du Fmi appellent à la mise en œuvre simultanée d’un certain nombre de réformes structurelles visant à accroître la productivité, la résilience et l’équité. Il s’agit des réformes qui mettent en valeur le capital humain, assouplissent les marchés du travail et contribuent à inverser la tendance de divergence croissante entre des régions de pays avancés. Les perspectives économiques du Fmi établissent le bien-fondé d’une relance des réformes structurelles dans les pays émergents et les pays en développement, y compris ceux à faible revenu. Au niveau multilatéral, les pays sont appelés à coopérer pour résoudre leurs désaccords commerciaux et abroger les mesures récentes qui établissent des barrières ayant des effets de distorsion.
L’urgence de relancer la politique monétaire

La croissance mondiale affiche un faible niveau de 3 % à un moment où la politique monétaire s’est considérablement assouplie de manière presque simultanée dans tous les pays avancés et pays émergents. À ce titre, les experts du Fmi estiment que l’absence de tensions inflationnistes a conduit les grandes banques centrales à prendre des mesures préventives pour réduire les risques de ralentissement de la croissance. Ce qui favorise des conditions financières avantageuses. Toutefois, prévient le Fonds : « Sans cette relance monétaire, la croissance mondiale serait inférieure de 0,5 % en 2019 et en 2020».

Jeudi 17 Octobre 2019
La Rédaction / Samboudiang Sakho