Editorial du « Monde ». A l’approche du 60e anniversaire des indépendances de ses anciennes colonies africaines, il était grand temps que la France réforme le franc CFA, cette monnaie créée en 1945 et toujours en vigueur dans quatorze pays du continent. Emmanuel Macron, en annonçant, samedi 21 décembre à Abidjan, la disparition prochaine de cet « oripeau » d’un passé révolu, a fait un pas que ses prédécesseurs n’avaient pas osé franchir.
Agacé de voir la monnaie « françafricaine » servir d’exutoire aux colères antifrançaises, le président de la République a, au côté du président ivoirien, Alassane Ouattara, lancé un aggiornamento négocié avec huit pays d’Afrique de l’Ouest : remplacement du « franc CFA » par l’« éco », nom de la future monnaie commune à quinze pays de la région ; fin de l’obligation pour les Etats africains de verser 50 % de leurs réserves de change au Trésor français et de la présence française au conseil d’administration de la Banque centrale à Dakar ; maintien de la garantie de la France et de l’arrimage à l’euro. En bref, la France cesse d’être cogestionnaire mais demeure garant financier.