Labelliser les maternités pour améliorer le traitement des femmes africaines

L’Afrique, ses mères et ses enfants en ont assez de souffrir à l’hôpital (5/7). Le forum de l’Unicef et du Fonds Muskoka conclut que la réduction de la mortalité des femmes en couche est possible en Afrique.


« Durant les trois jours de forum, 1 125 femmes auront donné la vie en perdant la leur et 4 833 nouveau-nés décéderont en Afrique de l’Ouest et du centre… » A Dakar, l’heure du bilan a sonné. A l’issue de l’événement sur l’expérience des soins maternels organisé par l’Unicef et le Fonds français Muskoka, des solutions concrètes ont été listées pour faire baisser drastiquement les mortalités maternelle et infantile dues aux mauvais traitements.

Effrayants, les chiffres rappelés par le docteur Alain Prual, organisateur de l’événement, suffisent à rappeler l’urgence de mettre en place des solutions concrètes. Et pas seulement d’apporter des réponses quantitatives. Dans certains pays de la région, 90 % des femmes accouchent dans une maternité mais, dans ces lieux, la qualité du soin n’est pas au rendez-vous. « Ces vies perdues sont d’autant plus inacceptables, intolérables, que dans leur grande majorité, elles pourraient être évitées par des interventions efficaces à haut impact, souvent peu coûteuses », se désole Alain Prual, conseiller en santé maternelle et néonatale au bureau régional de l’Unicef en Afrique de l’Ouest et du centre.
Présentation de notre série L’Afrique, ses mères et ses enfants en ont assez de souffrir à l’hôpital

Marie Soulié, spécialiste des programmes de santé maternelle et infantile au Fonds des Nations-unies pour la population (Unfpa), choisit une image musicale pour expliquer le cœur du problème : « Avoir le personnel, le matériel et les intrants, c’est une condition nécessaire pour créer une mélodie sanitaire, mais c’est insuffisant. Il faut un chef d’orchestre pour mettre du liant, mieux organiser les services, favoriser le dialogue entre les communautés et les hommes politiques, pour faire respecter le droit des femmes. » Une table d’accouchement plus confortable ne suffit pas à changer l’expérience vécue lors de ce moment à hauts risques. La femme doit y être bien installée, y être écoutée.
Des critères de qualité adaptés

Pour apporter rapidement une meilleure offre de soins, des idées d’actions concrètes ont émergé au terme de la réflexion. « Il faut permettre aux Etats de mettre en place des mécanismes d’accréditation des maternités sur la base de critères objectifs et mesurables », propose Alain Prual. En 2016, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef ont défini les « standards pour l’amélioration de la qualité des soins maternels et néonatals dans les établissements de santé ». Mais sans suivi sur le long terme, les standards se sont vite affaissés. « Pendant mes recherches, j’ai vu des centres se targuer d’être “femmes friendly”. Mais en réalité, dès que le médecin chef qui avait impulsé la dynamique a été remplacé, les critères n’ont plus été respectés et le logo est resté », se souvient Marie Soulié.

Samedi 26 Octobre 2019
La Rédaction / Samboudiang Sakho

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