Le poste de Premier ministre va bientôt faire son retour. Hier, un projet de loi de réforme de la Constitution a été adopté en Conseil des ministres pour son rétablissement. D’ailleurs, le projet de texte va être soumis à l’Assemblée nationale en procédure d’urgence, avant le 15 décembre prochain. Le chef de l’Etat avait pourtant écarté en janvier 2020 cette hypothèse au moment où il lui avait été prêté la volonté de procéder au retour du poste de Premier ministre, supprimé par l’Assemblée nationale le 4 mai 2019.
C’est dire que, comme on dit en wolof, il ravale son vomi. Il y a plus d’une année, le président de la République disait que l’idée relevait de «l’imagination des journalistes». Il avançait face aux médias, le soir du 31 décembre 2020 : «J’ai fait la réforme il n’y a même pas une année. Comment pourrai-je revenir pour changer ce que j’ai moi-même fait ? C’est comme si je ne sais pas ce que je dois faire. Cela n’a pas traversé mon esprit. Peut-être un jour, si les circonstances le demandent, pourquoi pas ?» Par ailleurs, le Président Sall indiquait que l’idée de la suppression du poste de Pm lui avait traversé l’esprit après sa réélection à la Présidentielle du 24 février 2019. Parce qu’il voulait, disait-il, faire du «fast track», c’est-à-dire réduire les procédures. Il avait donc besoin de faire sauter le verrou qu’était le Pm tout en renforçant le Secrétaire général de la Présidence. En fait, Macky Sall se désolait de la lenteur de certains de ses projets, ainsi que des lourdeurs de son Administration. Ainsi, après l’adoption de la loi, le Président est devenu le Maître d’ouvrage, le contremaitre et le contrôleur.
Cette réforme a fait perdre au président de la République son droit de dissoudre l’Assemblée nationale. En revanche, celle-ci n’avait plus la possibilité de tomber un gouvernement. Avec ce changement, il y a eu également la reconsidération du statut du député, qui pourra reprendre son mandat parlementaire s’il est révoqué de ses charges ministérielles.
Il faut comprendre qu’en supprimant le poste de Pm, le chef de l’Etat voulait éviter de se laisser distraire par le débat sur sa succession. Car il estimait qu’en nommant quelqu’un au 9ème étage du Building administratif, il le présenterait, aux yeux de certains, comme son dauphin désigné, à l’image de Abdou Diouf avec Senghor. Cela serait, pour d’autres ambitieux, un signal pour tenter d’abattre ce dernier. Sans compter que ce Pm de son côté, pourrait se sentir pousser des ailes et essayer de placer ses hommes, au lieu de chercher à accomplir sa mission. Dans ces conditions, le chef de l’Etat risquerait de passer une bonne partie de son temps à arbitrer des ambitions au lieu de travailler.
L’autre objectif avoué était aussi de gagner du temps et de l’argent. En supprimant de nombreux postes budgétivores qui, en plus, étaient des goulots d’étranglement. Mais à l’arrivée, on a plus changé les appellations que supprimé des postes. Le Sénégal n’en était pas à son premier coup relativement à ce genre de réforme. En effet, la première suppression intervient juste après la crise que le pays avait connue, avec la dualité au sommet de l’Exécutif, entre Mamadou Dia et Léopold Senghor. Victorieux de son bras de fer, le Président-poète décidera de faire pièce à l’institution primatorale. Le pays connut ainsi un hiatus de 1963 à 1970, quand il décida de nommer Abdou Diouf à ce poste. Ce dernier, qui sera le seul Premier ministre de Senghor après Mamadou Dia, occupera la station pendant dix ans, sans interruption.
Devenu chef de l’Etat en 1981, Abdou Diouf tentera aussi l’expérience en 1983. Habib Thiam qui avait été Premier ministre, sera écarté au profit de Moustapha Niasse, qui cumulait alors le poste avec son portefeuille des Affaires étrangères. Il présentera rapidement un projet de réforme constitutionnelle à l’Assemblée nationale, pour se retrouver après, simple ministre des Affaires étrangères. Dans les deux cas, les deux chefs de l’Etat avaient leurs objectifs, dont on peut imaginer qu’ils n’étaient pas les mêmes que ceux de Macky Sall.
lequotidien
C’est dire que, comme on dit en wolof, il ravale son vomi. Il y a plus d’une année, le président de la République disait que l’idée relevait de «l’imagination des journalistes». Il avançait face aux médias, le soir du 31 décembre 2020 : «J’ai fait la réforme il n’y a même pas une année. Comment pourrai-je revenir pour changer ce que j’ai moi-même fait ? C’est comme si je ne sais pas ce que je dois faire. Cela n’a pas traversé mon esprit. Peut-être un jour, si les circonstances le demandent, pourquoi pas ?» Par ailleurs, le Président Sall indiquait que l’idée de la suppression du poste de Pm lui avait traversé l’esprit après sa réélection à la Présidentielle du 24 février 2019. Parce qu’il voulait, disait-il, faire du «fast track», c’est-à-dire réduire les procédures. Il avait donc besoin de faire sauter le verrou qu’était le Pm tout en renforçant le Secrétaire général de la Présidence. En fait, Macky Sall se désolait de la lenteur de certains de ses projets, ainsi que des lourdeurs de son Administration. Ainsi, après l’adoption de la loi, le Président est devenu le Maître d’ouvrage, le contremaitre et le contrôleur.
Cette réforme a fait perdre au président de la République son droit de dissoudre l’Assemblée nationale. En revanche, celle-ci n’avait plus la possibilité de tomber un gouvernement. Avec ce changement, il y a eu également la reconsidération du statut du député, qui pourra reprendre son mandat parlementaire s’il est révoqué de ses charges ministérielles.
Il faut comprendre qu’en supprimant le poste de Pm, le chef de l’Etat voulait éviter de se laisser distraire par le débat sur sa succession. Car il estimait qu’en nommant quelqu’un au 9ème étage du Building administratif, il le présenterait, aux yeux de certains, comme son dauphin désigné, à l’image de Abdou Diouf avec Senghor. Cela serait, pour d’autres ambitieux, un signal pour tenter d’abattre ce dernier. Sans compter que ce Pm de son côté, pourrait se sentir pousser des ailes et essayer de placer ses hommes, au lieu de chercher à accomplir sa mission. Dans ces conditions, le chef de l’Etat risquerait de passer une bonne partie de son temps à arbitrer des ambitions au lieu de travailler.
L’autre objectif avoué était aussi de gagner du temps et de l’argent. En supprimant de nombreux postes budgétivores qui, en plus, étaient des goulots d’étranglement. Mais à l’arrivée, on a plus changé les appellations que supprimé des postes. Le Sénégal n’en était pas à son premier coup relativement à ce genre de réforme. En effet, la première suppression intervient juste après la crise que le pays avait connue, avec la dualité au sommet de l’Exécutif, entre Mamadou Dia et Léopold Senghor. Victorieux de son bras de fer, le Président-poète décidera de faire pièce à l’institution primatorale. Le pays connut ainsi un hiatus de 1963 à 1970, quand il décida de nommer Abdou Diouf à ce poste. Ce dernier, qui sera le seul Premier ministre de Senghor après Mamadou Dia, occupera la station pendant dix ans, sans interruption.
Devenu chef de l’Etat en 1981, Abdou Diouf tentera aussi l’expérience en 1983. Habib Thiam qui avait été Premier ministre, sera écarté au profit de Moustapha Niasse, qui cumulait alors le poste avec son portefeuille des Affaires étrangères. Il présentera rapidement un projet de réforme constitutionnelle à l’Assemblée nationale, pour se retrouver après, simple ministre des Affaires étrangères. Dans les deux cas, les deux chefs de l’Etat avaient leurs objectifs, dont on peut imaginer qu’ils n’étaient pas les mêmes que ceux de Macky Sall.
lequotidien