Il est écrit en lettres d’or sur les étoiles, les prévisions météo l’ont annoncé, la nature l’a réalisé, le ciel surchargé, a finalement produit une averse de scandales qui a arrosé tout le Sénégal. Cette pluie a entraîné, certes, certains bandits à col blanc dans ses flots vertigineux vers Rebeuss, mais épargné d’autres, appartenant au cercle restreint «apériste» ou Faye-Sall. Le parapluie XX du président a protégé des gouttes de représailles judiciaires des prédateurs de deniers publics, épinglés par des mécanismes étatiques de contrôle.
Pourtant, dans son tout premier discours à la nation, du 3 avril 2012, le président Macky avait su entretenir la flamme du rêve, allumée dans une campagne où son positionnement était des plus convaincants. Lorsqu’il déclarait sans ambages : «À tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers public, je tiens à préciser que je ne protégerai personne. Je dis bien personne !» Et d’ajouter : «J'engage fermement le gouvernement à ne point déroger à cette règle».
Ces mots avaient réconforté tous les déçus des douze ans de gestion calamiteuse de Me Wade. Des choix politiques, parfois hasardeux, avaient démoli les piliers, certes chancelants, de certaines de nos valeurs. L’argent est déifié, la corruption est érigée en mode de conduite, le vol et le pillage des deniers publics, ne causent plus de remords ou regrets, puisqu’un certain laxisme étatique a fini de faire croire que «l’argent public, c’est l’argent de personne !».
Le plus cocasse, est que les rares pilleurs de deniers publics, ayant séjourné à Rebeuss - mais bénéficiant d’une liberté provisoire perpétuelle - ont qualifié, sous l’inspiration certes, du diable, leur incarcération d’épreuve imposée par la volonté divine. Diantre !
Dans cette ambiance de décomposition avancée du tissu social, résultant de comportements irresponsables d’individus qui se croient tout permis, et surtout encouragés par une culture d’impunité entretenue par un système bien ancré, l’engagement de Macky de ne «protéger personne» ne peut que retentir dans les oreilles de tous ces Sénégalais qui ont, ne serait-ce qu’une once de sens du bien public.
Mais force est de constater que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Les mange-mil opèrent, certains allant jusqu’à fabriquer de faux billets de banque. Les abonnés à la richesse rapide (Rirap), ont eux, choisi, sans coup férir, la voie de la drogue dure. Les deniers publics sont déviés dans des comptes personnels… et cela, en toute impunité.
Le premier des Sénégalais, avait déclaré dans son discours du 31 décembre 2012, que «dans l’exercice de toute mission de service public, personne ne peut se soustraire de l’obligation de transparence et de rendre compte». En ne perdant pas de vue que «toute dynamique de changement dérange ; parce qu’elle ébranle des certitudes, parce qu’elle bouscule des habitudes établies et, que, pour certains, elle remet en cause des acquis et des privilèges indus». Il poursuit : «Mais rien ne me détournera de l’objectif de bonne gouvernance. Par conséquent, toutes les procédures engagées en matière d’audits et d’enquêtes sur des ressources et biens mal acquis seront rigoureusement menées jusqu’à leur terme. Et la justice suivra son cours».
La pratique montre le contraire. Au lieu de crever l’abcès, Macky Sall a laissé se développer la gangrène. Des scandales à répétition, mais avec des traitements à géométrie variable. Le chef de l’Etat a choisi délibérément de mettre les dossiers des proches sous le coude. La création de l’Office National Anti-corruption (Ofnac) «pour traduire en actes notre aspiration commune à une gestion saine, soucieuse de la sauvegarde de l’intérêt public», la réforme de la Cour des Comptes «pour renforcer son indépendance et ses moyens d’intervention» et l’instruction donnée à l’Inspection générale d’Etat de publier un rapport annuel sur l’état de la gouvernance publique, toutes ces mesures semblent se heurter à une gestion plus soucieuse de réélection que d’émergence.
Le second ou le deuxième mandat (l’avenir corrigera notre niveau de langue) du président Sall a démarré par une série de scandales dont le dernier (?) est la multiplication de faux billets de banque. Mais le constat est que des membres de l’Apr ou de Benno Bokk Yakaar cités dans des affaires ne sont nullement inquiétés. Mieux, certains ont bénéficié de promotion. Le parapluie XX du président Sall constitue un abri de luxe, pour les bandits à col blanc, sous cette pluie diluvienne d’infamie qui met en danger la République.
Quand l’argent public est dévié de sa trajectoire, les ayant-droits sont parfois tentés de combler le manque par des méthodes qui volent à l’humain sa dignité. Le détournement de deniers publics creuse le fossé de la pauvreté et insuffle dans les cœurs des laissés-pour-compte la haine et la rancœur à l’égard d’une bande de pilleurs et du système qui les protège. Il dynamite les fondements de la société, secrète le manque de confiance chez les jeunes, exposés aux vents d’influences extérieures. La vulnérabilité du pays semble atteindre le seuil critique.
Si le président Sall n’avait pas échoué à mettre en place un Etat de droit dont «la finalité était de garantir la sacralité du bien public», comme il en avait exprimé le vœu, le mal n’aurait peut-être pas pris cette ampleur. Sa responsabilité pleine et entière est engagée dans la pente glissante qui risque de projeter le pays dans le vide. Mais la solution existe, elle est juste logée au cœur du problème.
Par Bacary Domingo MANÉ
Pourtant, dans son tout premier discours à la nation, du 3 avril 2012, le président Macky avait su entretenir la flamme du rêve, allumée dans une campagne où son positionnement était des plus convaincants. Lorsqu’il déclarait sans ambages : «À tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers public, je tiens à préciser que je ne protégerai personne. Je dis bien personne !» Et d’ajouter : «J'engage fermement le gouvernement à ne point déroger à cette règle».
Ces mots avaient réconforté tous les déçus des douze ans de gestion calamiteuse de Me Wade. Des choix politiques, parfois hasardeux, avaient démoli les piliers, certes chancelants, de certaines de nos valeurs. L’argent est déifié, la corruption est érigée en mode de conduite, le vol et le pillage des deniers publics, ne causent plus de remords ou regrets, puisqu’un certain laxisme étatique a fini de faire croire que «l’argent public, c’est l’argent de personne !».
Le plus cocasse, est que les rares pilleurs de deniers publics, ayant séjourné à Rebeuss - mais bénéficiant d’une liberté provisoire perpétuelle - ont qualifié, sous l’inspiration certes, du diable, leur incarcération d’épreuve imposée par la volonté divine. Diantre !
Dans cette ambiance de décomposition avancée du tissu social, résultant de comportements irresponsables d’individus qui se croient tout permis, et surtout encouragés par une culture d’impunité entretenue par un système bien ancré, l’engagement de Macky de ne «protéger personne» ne peut que retentir dans les oreilles de tous ces Sénégalais qui ont, ne serait-ce qu’une once de sens du bien public.
Mais force est de constater que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Les mange-mil opèrent, certains allant jusqu’à fabriquer de faux billets de banque. Les abonnés à la richesse rapide (Rirap), ont eux, choisi, sans coup férir, la voie de la drogue dure. Les deniers publics sont déviés dans des comptes personnels… et cela, en toute impunité.
Le premier des Sénégalais, avait déclaré dans son discours du 31 décembre 2012, que «dans l’exercice de toute mission de service public, personne ne peut se soustraire de l’obligation de transparence et de rendre compte». En ne perdant pas de vue que «toute dynamique de changement dérange ; parce qu’elle ébranle des certitudes, parce qu’elle bouscule des habitudes établies et, que, pour certains, elle remet en cause des acquis et des privilèges indus». Il poursuit : «Mais rien ne me détournera de l’objectif de bonne gouvernance. Par conséquent, toutes les procédures engagées en matière d’audits et d’enquêtes sur des ressources et biens mal acquis seront rigoureusement menées jusqu’à leur terme. Et la justice suivra son cours».
La pratique montre le contraire. Au lieu de crever l’abcès, Macky Sall a laissé se développer la gangrène. Des scandales à répétition, mais avec des traitements à géométrie variable. Le chef de l’Etat a choisi délibérément de mettre les dossiers des proches sous le coude. La création de l’Office National Anti-corruption (Ofnac) «pour traduire en actes notre aspiration commune à une gestion saine, soucieuse de la sauvegarde de l’intérêt public», la réforme de la Cour des Comptes «pour renforcer son indépendance et ses moyens d’intervention» et l’instruction donnée à l’Inspection générale d’Etat de publier un rapport annuel sur l’état de la gouvernance publique, toutes ces mesures semblent se heurter à une gestion plus soucieuse de réélection que d’émergence.
Le second ou le deuxième mandat (l’avenir corrigera notre niveau de langue) du président Sall a démarré par une série de scandales dont le dernier (?) est la multiplication de faux billets de banque. Mais le constat est que des membres de l’Apr ou de Benno Bokk Yakaar cités dans des affaires ne sont nullement inquiétés. Mieux, certains ont bénéficié de promotion. Le parapluie XX du président Sall constitue un abri de luxe, pour les bandits à col blanc, sous cette pluie diluvienne d’infamie qui met en danger la République.
Quand l’argent public est dévié de sa trajectoire, les ayant-droits sont parfois tentés de combler le manque par des méthodes qui volent à l’humain sa dignité. Le détournement de deniers publics creuse le fossé de la pauvreté et insuffle dans les cœurs des laissés-pour-compte la haine et la rancœur à l’égard d’une bande de pilleurs et du système qui les protège. Il dynamite les fondements de la société, secrète le manque de confiance chez les jeunes, exposés aux vents d’influences extérieures. La vulnérabilité du pays semble atteindre le seuil critique.
Si le président Sall n’avait pas échoué à mettre en place un Etat de droit dont «la finalité était de garantir la sacralité du bien public», comme il en avait exprimé le vœu, le mal n’aurait peut-être pas pris cette ampleur. Sa responsabilité pleine et entière est engagée dans la pente glissante qui risque de projeter le pays dans le vide. Mais la solution existe, elle est juste logée au cœur du problème.
Par Bacary Domingo MANÉ