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L’ÉTAT CHASSE OFFICIELLEMENT ADAMA BICTOGO ET CIE DE DIAMNIADIO : 30 milliards décaissés pour une université fantôme.

L’Etat a enfin «chassé » Adama Bictogo et Cie de l’université Amadou Moctar Mbow de Diamniadio par courrier en date du 27 décembre 2019. Alors que Marylis Btp de l’homme d’affaires ivoirien s’agite et informe avoir saisi ses conseils pour dénoncer «la mesure unilatérale », Libération révèle que 30 milliards de Fcfa ont été décaissés pour cette université fantôme qui devait être fonctionnelle... en octobre 2017. Dans un pays responsable, et en raison du montant faramineux mis en cause, une information judiciaire devrait être immédiatement ouverte contre l’ancien ministre de l’intégration en Côte d’Ivoire et les membres de son groupement qui se livrent, désormais, une guerre sans merci.


L’ÉTAT CHASSE OFFICIELLEMENT ADAMA BICTOGO ET CIE DE DIAMNIADIO : 30 milliards décaissés pour une université fantôme.

Le 18 janvier 2019, Libération révélait qu’en inaugurant, deux jours plus tôt, la Sphère ministérielle II à Diamniadio, qui porte l'empreinte du groupe Teylium, le Président Macky Sall avait laissé éclater sa colère en ordonnant que le contrat du groupement d'entrepreneurs chargé de la construction de l’université Amadou Moctar Mbow, soit purement et simplement résilié.

 

Au commencement était la colère de Macky Sall à Diamniadio.

 

Ce jour-là, du haut de la Sphère, Macky Sall, entouré de plusieurs ministres, avait observé, choqué, l'état du «chantier». Derrière ce groupement d'entreprises en cause se trouvaient Adama Bictogo (Marylis Btp)- qui n'est pas un inconnu sous nos cieux-Touba Matériaux et Monofasica, une société portugaise gérée par Antonio Manuel Martins Nunes et montée dans des conditions scandaleuses sur lesquelles nous reviendrons amplement.

 

Qui a raconté des histoires, Libération ou Bictogo ?

 

Depuis Abidjan, avec ses médias à la solde, Adama Bictogo a tenté de démentir les informations de Libération. Le sulfureux homme d’affaires et proche d’Alassane Ouattara confiait à ses «plumes» des médias ivoiriens qui allaient nous descendre en flammes : « Je voudrais d’abord m’inscrire en faux contre cette information erronée publiée par le journal sénégalais Libération, pour dire qu’on continue de travailler sur le chantier. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que depuis pratiquement neuf mois, nous sommes en négociation de réévaluation avec le gouvernement sénégalais. (...) On s’est rendu compte, je vous donne un exemple, que pour une fondation qui devait être conçue conformément aux normes standards, on a dû faire face à un sol argileux. Naturellement pour construire une université, il fallait donc faire des fondations plus solides. Nous sommes passés à des fondations qui nous ont coûté 15 milliards FCFA. Donc, il y a eu un surcoût. On a pris sur nous de refaire l’étude. Pendant la réalisation de l’étude, on s’est rendu compte que le projet était sous-évalué. Néanmoins, nous avons à, ce jour, réalisé environ 35% des travaux. 

Au mois de juin, j’ai rencontré les autorités sénégalaises, avec le ministre des finances et le ministre de l’enseignement supérieur pour leur dire que le projet est sous-évalué et qu’il nous est difficile de continuer la construction de l’Université qui initialement était prévue sur 128.000 m2 et on se retrouve à construire 250 000m2, soit une augmentation de 50% de surface à construire ».

 

Bictogo vend sa légende aux médias ivoiriens.

 

Les faits viennent de donner raison à Libération. Comme l’a révélé Dakaractu.com, le ministère de l’Enseignement supérieur a tout simplement résilié le contrat de Bictogo et compagnie. Selon nos confrères, l’homme d’affaires ivoirien s’apprêterait à saisir la justice pour exiger réparation de la part de l’Etat pour le « préjudice subi ». Ce que Marylis Btp confirme d’ailleurs dans un communiqué publié hier dans lequel la société «réfute les motifs allégués » indiquant que «pour la sauvegarde de ses intérêts », elle a décidé «d’en référer à ses conseils ». 

C’est le comble puisque, dans cette affaire, les autorités devraient prendre (enfin) leurs responsabilités et porter plainte contre Adama Bictogo et compagnie devant les tribunaux.

 

30 milliards de Fcfa pour une université fantôme.

 

Selon les informations de Libération, à ce jour, le ministère de l’Enseignement supérieur ne doit rien à Bictogo et à son groupement qui ont empoché la rondelette somme de 30 milliards de Fcfa pour des travaux exécutés à hauteur de 22% et non 35, comme l’affirmait l’homme d’affaires ivoirien qui aura fait preuve d’un dilatoire scandaleux.

En effet, le marché, clé en main, avait été accordé à Marylis Btp, Touba Matériaux et Monofasica pour la rondelette somme de 60 milliards de Fcfa.

 

L’ordre de démarrage a été émis en 2015 pour des travaux qui devaient durer 24 mois

 

L’ordre de démarrage a été émis en 2015 et les travaux devaient durer...24 mois. Il était prévu que l’université soit donc fonctionnelle en octobre 2017 pour le grand bonheur de la communauté estudiantine. 

Après avoir constaté les retards, l’Etat a servi deux mises en demeure au groupement. Pris de panique, Bictogo et Cie signent une convention avec l’ancien ministre de l’Enseignement, Mary Teuw Niane, et s’engagent à livrer les 26 bâtiments de l’université avant fin 2018. 

A la date d’hier, 21 janvier 2020, cette «université» n’existait que dans la tête de Bictogo. 

Pire, son entreprise, Touba Matériaux et Monofasica se livrent aujourd’hui une guerre sans merci.

 

Un rapport de la Centif caché dans les tiroirs depuis cinq ans.

 

Après les 12 milliards de Fcfa, empochés en guise de « dommages et intérêts » à la suite de l’arrêt des visas sénégalais que gérait sa société Snedai, revoilà encore donc Bictogo dans ses œuvres. Il reste seulement à espérer que l’Etat sera ferme puisque malgré la notification de la résiliation du contrat, Bictogo, qui n'a renouvelé aucune caution d'avance, s’active auprès de Ouattara pour que le Sénégal annule la mesure et lui signe un... avenant. 

Libération reviendra d’ailleurs amplement sur Snedai, pour révéler les fracassantes révélations contenues dans un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) caché dans certains tiroirs depuis cinq ans maintenant. 

À suivre...

Mercredi 22 Janvier 2020
La Rédaction / Samboudiang Sakho