En France, la question d’autoriser le cannabis thérapeutique est apparue il y a quelques années, après que des pays comme le Canada, les Pays-Bas, ou encore certains États des États-Unis ont eux-mêmes autorisé l'usage du cannabis thérapeutique. Les études sur le sujet admettent que certains principes actifs du cannabis peuvent en effet soulager la douleur, mais ces travaux se fondent principalement sur des témoignages de patients.
Les pourfendeurs du cannabis thérapeutique dénoncent un manque de connaissances scientifiques en la matière, notamment sur un éventuel risque d’accoutumance au produit. Ils redoutent par ailleurs que l’usage du cannabis thérapeutique représente un danger pour la sécurité routière.
3 000 français concernés
Ce vote favorable des députés intervient quatre mois après le feu vert de l'agence française du médicament (ANSM) qui s'était elle aussi prononcée en faveur d’une expérimentation grandeur nature du cannabis thérapeutique en France.
Concrètement, cette expérimentation va concerner environ 3 000 personnes en France. Des patients souffrant de maladies graves comme certaines formes d'épilepsie, de douleurs neuropathiques, de sclérose en plaque ou encore pour ceux qui subissent de violents effets secondaires lors de leurs chimiothérapies.
Pas de « joint sur ordonnance »
Pour se procurer ce cannabis thérapeutique, un protocole précis sera mis en place. D'abord, une prescription initiale sera effectuée par un médecin spécialiste, un neurologue ou un médecin de la douleur par exemple. Ce professionnel pourra choisir entre deux principes actifs, ou les mélanger : le tetrahydrocannabinol, plus connu sous le nom de THC, aux effets psychoactifs ; le cannabidiol, ou CBD, qui entraîne plutôt une relaxation musculaire.
Les patients devront ensuite aller se fournir d'abord en pharmacie hospitalière puis pourront renouveler leur traitement en pharmacie de ville. Enfin, le cannabis ne sera pas fumé mais prendra la forme d'huiles, de fleurs séchées ou encore de tisanes.
Un approvisionnement étranger
L’une des questions que soulèvent cette expérimentation est celle de l’approvisionnement en cannabis. En effet, la France n'autorise pas la production de cannabis sur le territoire national. Autrement dit, il va donc falloir importer du cannabis de l'étranger et bien sûr créer un protocole de contrôle sanitaire de cette nouvelle filière.
Certains experts qui travaillent auprès de l'Agence française du médicament (ANSM) espèrent que durant les deux ans que durera cette expérimentation, la filière agricole française obtiendra des autorisations pour pouvoir produire du cannabis thérapeutique afin de préparer l'après phase de test.
Cette expérimentation doit commencer au premier semestre 2020, le temps notamment de délivrer des autorisations de mise sur le marché aux médicaments à base de cannabis thérapeutique. A l'horizon 2022, si le test a été concluant, après consultation des médecins et étude des dossiers de suivi des patients, il reviendra au gouvernement de décider d'une éventuelle généralisation du cannabis thérapeutique en France.