Le premier épisode de 15 minutes a été tourné majoritairement en caméra cachée. La Maison des reporters donne la parole aux chauffeurs de taxi ou de cars rapides mécontents de devoir donner 1 000 à 5 000 francs CFA, entre deux et neuf euros. Des pots-de-vin remis à chaque contrôle policier ou presque.
« On n’a pas une émission de grande audience qui est connue ici, au Sénégal, pour faire de l’enquête, de l’investigation. Puisque c’était ce que je voyais comme préférence, je me suis dit : il va falloir créer, puisqu’on ne trouve pas de cadre qui permet de le faire », explique Moussa Ngom, le journaliste qui a signé l’enquête, et le fondateur de la Maison des reporters.
Financement du public
La première enquête a été financée en septembre grâce au public et à des cartes achetées en ligne. Au total, un million de francs CFA, près de 2 000 euros, ont été récoltés : « Chaque carte d’abonnement achetée permet de financer ce projet de reportage, ce projet d’enquêtes. Et c’est comme ça qu’on évolue depuis le début, en écartant toute proposition de financement qui viendrait d’ONG. Le propriétaire de la Maison des reporters, ce sont les lecteurs et les journalistes qui y travaillent. »
Un modèle salué par son jeune confrère Pape Ibrahima Ndiaye : « Lorsque vous regardez sur twitter les réactions que l’enquête de Moussa a suscitées depuis sur la corruption , ça montre que le public sénégalais demande de plus en plus ce genre d’initiative. » Le défi est maintenant de recruter à long terme d’autres journalistes dans le collectif et de pérenniser le financement.