Dans son argumentation, Abdoul Mbaye estime que 2021 sera une autre année difficile car, la soi-disant croissance sénégalaise, continuera à ne pas faire reculer la pauvreté. D’après lui, » Cette soi-disant croissance ne va cesser de faire accroitre le manque d’emploi ». En effet, Abdoul Mbaye considère que si cette croissance existe réellement, « elle est alors confisquée par des politiciens devenant fort vite milliardaires et quelques affairistes sortis du néant ». Selon le leader de ACT, « 2020 est une autre année d’échec économique. Mais il serait également faux de la présenter comme une déception économique, conséquence de la crise que la pandémie explique comme dans d’autres pays du globe ». Rappelant qu’elle avait été annoncée comme porteuse de croissance de l’économie sénégalaise qui était même relevée à 7% en 2021, Abdoul Mbaye estime qu’il y’avait réellement une ineptie qui faisait reposer la croissance de notre économie par des actions sur des leviers à la fois contraire à ce qui pourrait etre considéré comme une véritable accélération de l’économie.
Une évolution dans la mauvaise direction nécessitant une pause nécessaire (car le niveau surendettement du Sénégal était déjà une réalité, ne laissant plus de marque d’endettement possible). D’ailleurs, pour le FMI, le risque de détresse financière du Sénégal est passé de faible à modéré. Le message est donc clair : « il faut en retenir, une évolution dans la mauvaise direction, donc une pause nécessaire ». Abdoul Mbaye citera également une baisse de la commande publique qui avait été le moteur de la croissance des années précédentes et également un relai à faire prendre par le secteur privé sénégalais qui est également très affaibli par l’octroi de marchés privilégiant les entreprises étrangères au détriment des nationaux. La pression fiscale renforcée est également évoquée par l’ancien Premier ministre comme l’un des facteurs destructeurs de la croissance économique, un relèvement du prix de l’électricité (avec pour conséquence l’affaissement de la compétitivité du secteur privé sénégalais et une importante ponction sur le revenu des ménages. Cependant, Abdoul Mbaye estime ne pas être étonné : « à l’exception notable de ceux du Fonds monétaire international, tous les économistes sérieux se demandaient alors comment des mesures propres aux ajustements structurels pouvaient permettre, non pas d’entrer dans une période déflationniste, serait elle provisoire, mais plutôt, d’accélérer une croissance économique.
Cependant, pour le membre du CRD, le marasme du tourisme et la récession mondiale, de même que ces trois mois de semi confinement, ont permis aux gouvernants de trouver les bonnes justifications. Cela amènera à Abdoul Mbaye de confirmer que : « le Sénégal demeure dans l’échec économique persistant, caché derrière des statistiques fabriqués à l’instar de celles invraisemblables que les 1 million 800 mille tonnes d’arachide qui seraient produits et que quelques dizaines de millions de tonnes ne puissent toujours pas être trouvés sur les marchés par les usines d’huilerie ».
Les signes les plus lisibles de cette souffrance économique et sociale, selon Abdoul Mbaye, demeurent cette catastrophe vécue par les pêcheurs, la fuite de notre jeunesse désespérée, la considérable aggravation du déficit des finances publiques. Bref, « l’année 2020 sera close sur les constats suivants : un échec économique global qu’une succession accélérée de plan de riposte et de relance pour faire perdre les repères ne parviennent pas à masquer, une aggravation considérable du déficit budgétaire privant de toute marge sauf annulation de dette, une impasse en matière d’endettement extérieur, traduite par ce fort souci d’obtenir des annulations de dette au delà des moratoires possibles sur le service de la dette. L’ancien ministre Abdoul Mbaye n’oubliera pas de noter cette question des inondations qui lui aura permis de constater à quel point cet État protecteur a été absent, délaissant son peuple dans les eaux. Avec notamment un plan décennal abandonné en faisant recours à des projets sans impact durable.
La gestion de la pandémie aura permis également au patron de l’Alliance pour la citoyenneté de noter à quel point notre système sanitaire a été négligé, un malheureux record mondial en vies humaines avec la question du Barça ou Barzakh, une réforme du franc CFA non tenue comme le font en général ces dirigeants africains peu soucieux de leur parole donnée.
Pour le leader de l’ACT, « une nouvelle solution venant de la politique politicienne ne sera que déplorable au vu de cet élargissement du gouvernement ». Elle confirmera par contre cet échec constant, enclenché depuis des années par un régime aux compétences inexistantes.
L’année 2021 sera encore plus difficile avec ce débat déclenché autour d’une chimère du troisième mandat au moment où la souffrance de la population ne cesse de s’accroître. Les raisons de la souffrance de la population ont des raisons profondes. Abdoul Mbaye en cite quelques-unes comme la poursuite de la politique d’ajustement engagée par le régime sous contrainte de l’ICPE qui ne permettra aucune relance au profit de la demande des ménages, donc aucun desserrement de l’étau enfermant leur niveau de vie qui continuera de se dégrader. Une pauvreté qui a du mal à quitter la campagne en raison d’une politique agricole restée prisonnière d’attitude de confiscation du labeur des paysans par la présence d’intermédiaires de toutes sortes en charge de détourner l’aide en matériel, les semences et les engrais ou même de tricher sur leur qualité. Il s’y ajoute, d’après Abdoul Mbaye, « une pauvreté s’accroissant dans le secteur de la pêche pour cause de privilège accordée à la pêche industrielle étrangère, une stratégie économique coincée dans les grands projets plus ou moins utiles comme le TER, Diamniadio, la compagnie aérienne nationale, les lampadaires solaires etc.
Une compétitivité du secteur privé qui est d’ailleurs difficile à restaurer au regard du niveau très élevé du coût de l’énergie, sera également notée par l’ancien premier ministre Abdoul Mbaye qui soulignera avec amertume que « le coût du KW/ H au sénégal est deux fois et demi plus élevé que le niveau admis au niveau international et que celui du transport vers le Mali, représente plus de 30% de la valeur des marchandises alors qu’il ne devrait dépasser la moyenne de 10%.
Pour le banquier, « il est particulièrement inquiétant de relever l’accroissement de certaines dépenses de fonctionnement dans le budget 2021, notamment pour faire plaisir aux alliés logés en conseil économique, social et environnemental et en haut conseil des collectivités territoriales. « Cette attitude dépensière de gaspillage devrait pourtant devenir de prudence pour prendre en compte l’ajustement décidé et l’incertitude planant sur la reprise économique mondiale et nationale » note l’ancien PM.
En tout état de cause, Abdoul Mbaye estime que la consolidation de l’économie sénégalaise, sa relance resteront impossibles. Or une prise de conscience sérieuse de la gravité de la situation, de la nécessité d’oublier les fausses statistiques et les fausses solutions, de l’impératif de retenir comme base de la refondation économique, le travail et l’éthique sans lesquels tout espoir de développement reste vain, est donc nécessaire.
En définitive, Abdoul considère que l’inquiétude est grande, car, ce régime, considérant qu’il peut faire bouger les choses en optant pour une recomposition politique, est loin d’apporter les changements dans notre pays. « Il se sont mis en retard de l’histoire et ont renforcé également les convictions partagées de plus en plus largement par nos compatriotes. Bref, ils ne sont là que pour eux-mêmes, oubliant les intérêts du peuple et jouissant du pouvoir le plus longtemps possible sans aucun respect pour notre constitution et les principes démocratiques dont celui fondamental de la séparation des pouvoirs ».
Dakaractu