Il y a trois mois, Nassoumaï, 38 ans, a épuisé sa réserve de sorgho. Pour nourrir ses six enfants en attendant la période de récolte, elle a alors sollicité un « prêt » auprès du groupement d’initiative commune Djounakoum (« réunissons-nous »), dont elle est membre. Après concertation, les responsables du grenier communautaire ont approuvé sa demande. Nassoumaï a obtenu un sac de mil de 100 kg, qu’elle devra rembourser avant janvier.
Comme elle, de nombreux habitants de Godola, un village situé dans la région de l’Extrême-Nord, au Cameroun, ont recours au grenier communautaire pour « ne pas mourir de faim ». « C’est en réalité une banque de céréales communautaire, avec le même procédé de prêt qu’une banque normale, assure Rachel Mana, déléguée de Djounakoum. Les sacs de sorgho représentent l’argent, les clients sont les habitants. En période de soudure ou de famine, ils viennent emprunter un sac. Au moment de le rembourser, ils fourniront quelques tasses de plus en guise d’intérêts. »