«Je me souviens de notre rentrée parlementaire, lorsque Huguette Tiegna a fait sa première intervention dans l’Hémicycle, s’amuse Saïd Ahamada, député La République en marche (LREM) de Marseille. J’étais assis juste derrière elle et face à Marine Le Pen. Je peux vous dire que la présidente du Front national était scotchée ! Une députée du Lot noire, et parlant avec l’accent du Burkina… »
Une pause, sourire aux lèvres, et Ahamada poursuit : « Cela dit, en 2017 tout le monde était stupéfait quand nous avons débarqué. Y compris le personnel de l’Assemblée. On a parlé d’ouvrir une crèche parce que beaucoup de néodéputés avaient des enfants en bas âge. Et la buvette a dû s’approvisionner en sodas, ce qui n’était pas franchement la coutume. On peut dire ce qu’on veut de LREM, mais elle a fait entrer la diversité à l’Assemblée. »
Faible taux de « minorités visibles »
Député macroniste et membre du groupe majoritaire (avec 303 députés sur 577, plus les 46 élus de ses alliés du MoDem, En Marche ! n’a laissé que des miettes aux Républicains et au Parti socialiste, qui dominaient la vie politique française depuis des lustres), Ahamada prêche bien sûr pour sa paroisse. Mais les chiffres lui donnent raison. Il y a encore dix ans, rappellent les sociologues Sébastien Michon et Étienne Ollion, auteurs en 2018 d’une Sociographie des parlementaires*, le député français était