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Entre surveillance des opposants et des terroristes, le juteux marché de l’espionnage en Afrique

En Afrique, le marché des « grandes oreilles » est en pleine expansion. Chefs d’État, opposants, hommes d’affaires : nul n’est à l’abri des hackers, et s’en prémunir est une vraie gageure. Enquête sur une très lucrative guerre de l’ombre.


Entre surveillance des opposants et des terroristes, le juteux marché de l’espionnage en Afrique

Le bâtiment ne paie pas de mine. Coincé entre le parking des employés de la présidence gabonaise et le mur d’enceinte longeant le boulevard de la République, à Libreville, rien ne le distingue des autres, hormis, peut-être, le buisson d’antennes hérissées sur son toit. Nul visiteur du Palais du bord de mer, occasionnel ou régulier, ne laisse son regard s’égarer sur ses trois étages, en apparence inoffensifs.

À quelques encablures, l’esplanade du palais attire l’œil. Plus loin, les bâtiments administratifs avalent les petites mains de la République. Rien de tel ici. Dans ce palais des « grandes oreilles », on préfère rester discret.

Derrière ces murs blanc cassé se dissimulent pourtant le Silam, le centre d’écoutes de la présidence, que dirige le Français Jean-Charles Solon. Cet ancien militaire passé par les services techniques de la Direction générale des renseignements extérieurs (DGSE, les services de renseignement français), aujourd’hui fonctionnaire gabonais à part entière, est le maître des écoutes à Libreville. Théoriquement soumis à la tutelle de la Direction générale des services spéciaux de la présidence, dirigée par Brice Clotaire Oligui Nguema, il dispose en réalité de son autonomie.

Jeudi 30 Janvier 2020
La Rédaction / Samboudiang Sakho