Dans une opération de communication savamment préparée, il a décidé, ce samedi, de conduire sa voiture dans les rues de la ville de Dakar en compagnie de sa fille.
Rien de mal à cela, à priori. Sauf qu’il y avait quelqu’un qui filmait tout pour que cette promenade atterrisse, comme par hasard, sur les réseaux sociaux.
C’est dire à quel point, la démarche s’inscrit dans une dynamique plus globale de communication.
Cela rappelle, à une certaine époque, une image du Président Sékou Touré de la Guinée, qui, recevant, des journalistes français, avait fait une promenade en voiture filmée par les caméras, pour montrer à quel point il était populaire.
Un ami journaliste qui connait bien le Tchad me dit également qu’Idriss Déby aime bien cela.
Il est compréhensible en effet que nos Chefs d’Etat veuillent, de temps en temps, rompre le protocole, pour renouer avec la vie d’avant, c’est-à-dire être ‘’naturel’’, ‘’comme tout le monde’’.
Mais, hélas, c’est impossible. Quand on est Président de la République, on n’est pas justement comme tout le monde. Les exigences sécuritaires sont telles qu’il est important d’éviter de prêter le flanc, exactement comme Thomas Sankara l’avait fait, ce qui avait largement facilité sa liquidation.
La même témérité avait fait qu’Alpha Condé qui s’entêtait de dormir dans son domicile personnel, avait reçu une roquette.
C’est dire que ces Chefs d’Etat ne font que donner du fil à retordre à leurs différents services de sécurité quand on sait, aujourd’hui, les risques énormes auxquels ils sont exposés.
S’agissant de Macky, il est certes nostalgique, parfois, des hamburgers, mais c’est risqué d’aller en payer lui-même…
Il est important de lui rappeler que l’on ne relâche pas avec la sécurité. Et qu’il fait toujours les gestes barrières en la matière.
Toutefois, l’envie de plaire semble être forte. Aujourd’hui, plus que jamais.
Et là-dessus, on peut se demander pourquoi ? Car, il entame, en principe, son dernier mandat.
Les batailles électorales ne devraient plus l’occuper personnellement sauf à trouver un dauphin un successeur politique qui va les gérer à sa place. A moins qu’il ne fasse comme Alpha Condé, Alassane Ouattara, ce dont, des intellectuels de hauts niveaux continuent à défendre la faisabilité.
Le Professeur Jacques Mariel Nzouankeu, éminent professeur en Droit administratif et Ngouda Fall, ancien Directeur de la Centif, ont été les derniers à défendre cette idée.
Bien sûr, cela va à l’encontre de ce que d’autres pensent comme l’ancien Présidente du Conseil économique, social et environnemental Aminata Touré qui l’a rappelé à RFI et Me Amadou Aly Kane, Vice-Président de la Raddho, invité du Grand Oral de ce samedi sur Rewmi Fm.
Ces cadres sont d’avis que Macky ne peut plus se présenter. Et ils se plaisent à rappeler que le Président de la République, lui-même, l’avait clairement dit.
Or, s’il n’y a aucune ambiguïté sur la question, pourquoi ce silence bavard du Président ? Silence bavard, parce qu’il sanctionne systématiquement ses proches qui disent qu’il n’y a pas droit et laisse tranquille ceux qui soutiennent le contraire.
S’il adjoint à tout cela, de vastes opérations de communication comme ‘’le Gouvernement face à la presse’’ ou le Task force de communication ou maintenant les balades en voiture, on peut logiquement penser que quelque chose se trame.
Nous en sommes d’autant plus sûrs que la loi d’habilitation sur l’état d’urgence et l’état de siège réclamée aux députés s’inscrit dans une dynamique de renforcement des pouvoirs du Président de la République et ce n’est certainement pas toujours pour lutter contre les pandémies et les catastrophes naturelles.
Le Chef de l’Etat peut également chercher à réprimer plus rapidement des manifestations ou des mouvements de foule ou chercher à tout faire pour que toutes les mesures soient prises contre ceux qui se radicaliseront contre son agenda politique personnel.
Assane Samb