« Cette stratégie numérique est avant tout une stratégie de soutien à la croissance et à l’emploi », a expliqué Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour les infrastructures. D’après lui, environ 450 millions de personnes devraient rejoindre les rangs de la population active en Afrique entre 2015 et 2035. Si les tendances actuelles perdurent, moins d’un quart d’entre elles décrocheront un emploi stable. L’extension de l’accès à l’internet va permettre de créer des millions de débouchés. Fruit des travaux du Broadband for All Working Group, précise un communiqué, le rapport propose un éclairage concret et des pistes pour parvenir à cet objectif, dont un plan d’action détaillé, garantir un accès universel au haut débit signifie, pour les pays africains, connecter plus de 1,1 milliard d’individus supplémentaires. Une ambition qui exigera des efforts inédits et concertés des gouvernements, du secteur privé, des partenaires du développement et de la société civile. Mais, selon le rapport, l’investissement en vaut la peine. Alors que le nombre de raccordements au haut débit en Afrique a franchi la barre des 400 millions en 2018 (soit pratiquement 20 fois plus qu’en 2010), le taux de pénétration de la 3G et de la 4G n’atteint que 25% en moyenne. Et la couverture haut débit mobile ne dépasse pas les 70% de la population africaine. Même en Afrique du Nord, les marges de croissance sont considérables, les réseaux 4G ne desservant que 60% environ de la population. L’accélération indispensable de la transformation numérique de l’Afrique est confrontée à d’autres obstacles, notamment le manque de fiabilité et le coût des raccordements à l’électricité. Selon la note, près de 80% du total des investissements nécessaires sont directement liés au déploiement et à l’entretien des réseaux large bande. Mais connecter les populations actuellement privées d’accès à l’internet haut débit ne se limite pas aux seules infrastructures : environ 20% des investissements concernent le développement des compétences numériques des usagers et la création de contenu local, sachant qu’entre 2 et 4% des investissements devront par ailleurs viser la mise en place d’un cadre réglementaire adapté. Alors que le secteur privé a été à l’origine des initiatives les plus réussies en matière de haut débit, les organismes publics ont un rôle crucial à jouer, qu’il s’agisse de réglementer le secteur, pallier les éventuelles défaillances du marché ou installer les conditions propices à un accès ouvert et concurrentiel.
Des politiques adaptées pour inciter le secteur privé à explorer de nouvelles technologies et applications
« Le développement de l’accès internet et de la couverture réseau ne progresse pas dans une grande partie de l’Afrique. Parallèlement, dans un grand nombre de pays, le prix du service est de plus en plus onéreux. L’amélioration de l’inclusion numérique passe par une collaboration plus efficace et capable de sortir des sentiers battus », a plaidé Doreen Bogdan-Martin, membre de la commission sur le haut débit pour le développement durable et directrice du Bureau de développement des télécommunications de l’UIT. Et d’ajouter : « Nous devons mobiliser toutes nos forces et toute notre expertise. Les gouvernements peuvent pour leur part adopter des politiques de soutien aux nouvelles technologies, aux nouveaux modèles économiques et aux investissements. Des politiques adaptées inciteront alors le secteur privé à déployer les infrastructures nécessaires et à explorer de nouvelles technologies et applications qui alimenteront la demande ». En effet, pour connecter les 100 millions d’individus vivant en milieu rural et dans des zones isolées, hors de portée des réseaux mobiles traditionnels, il va falloir mobiliser le secteur privé, recourir à des modèles commerciaux innovants et déployer des technologies alternatives, à l’image des solutions fondées sur le satellite ou le wifi, poursuit le rapport. « Soyons réalistes : aucun acteur ne pourra, seul, atteindre l’objectif de 2030 et supporter les 100 milliards de dollars d’investissements nécessaires. Toutes les parties prenantes doivent s’entendre et collaborer pour parvenir à garantir à tous les Africains l’accès à une connexion internet abordable », a souligné Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique. Sont concernés : l’Union africaine et les communautés économiques régionales ; les États africains et leurs organismes publics d’investissement ; les organismes sectoriels de réglementation ; les banques multilatérales et régionales de développement ; les Nations Unies et les autres organismes de développement ; le secteur privé ; les groupes issus de la société civile ; et les organisations non gouvernementales.